Avec Modern Warfare 3, Infinity Ward prend le relai
de Treyarch et orchestre une guerre urbaine aussi spectaculaire que
scriptée.
La
licence Call of Duty aborde plus que jamais une étape charnière de son
existence. Revenant aux commandes de sa franchise après le triomphe
public du Black Ops de Treyarch, Infinity Ward a en effet dû composer
avec le départ forcé d'une partie significative de son équipe suite à
ses démêlés judiciaires avec Activision, son éditeur.
La tâche est donc plus lourde que jamais pour Modern Warfare 3
puisqu'il lui incombe d'assurer la pérennité de la série tout en
affrontant frontalement Battlefield 3, son concurrent direct au meilleur
de sa forme. Travaillant avec le moteur de Modern Warfare 2
upgradé pour l'occasion, Infinity Ward nous a présenté sa méthode :
porter le gameplay classique des MW à un degré de spectacle toujours plus grandiose.
Un décor qui cristallise les angoisses américaines
En guise de démonstration sur une version Xbox 360,
un membre de l'équipe nous a présenté deux niveaux en intégralité manette en main
: une session de guerre ouverte en plein cœur de Manhattan et une
mission d’infiltration nocturne dans un quartier industriel. La première
commençait par une séquence en passe de devenir le
gimmick de la série Call of Duty :
le crash de notre hélico en plein centre urbain. Alors que l'on s’exhorte tout groggy de sa carcasse fumante, on découvre l'environnement urbain de notre combat, ceint de
gratte-ciels immenses en proie à la destruction.
Après le très ludique Manhattan de Crysis 2, l'environnement créé par
Infinity Ward s'en sort plutôt bien sur un autre registre,
alliant sens du spectacle over the top et réalisme
: malgré les limitations du moteur vieillissant, le level-design
traçait à cet égard un intéressant parcours entre les décombres de la
ville et l'intérieur de buildings ébranlés par les explosions.
Partant
de la première avenue, le démonstrateur se faufile ensuite dans une
ruelle en profitant de la couverture des alliés dirigés par l'A.I. Tout
autour des fusillades au sol, les immeubles subissent simultanément le
feu ennemi, s'effondrant au bon vouloir d'un script réglé comme du
papier à musique.
Moins dramatique que purement spectaculaire (dommage !), la séquence met l'accent sur la fluidité de l'action, enchaînant les espaces dans un rythme effréné.
Quelques éclats : au sortir d'un bâtiment, le joueur de la session démo
balance une grenade flash avant d'éliminer fourbement les soldats postés
là. Sans marquer de pause, il s'engouffre ensuite dans un building
éventré puis sur un échafaudage surmontant une vaste salle remplie
d'ennemis, avant de grimper une échelle conduisant jusqu'au toit. A
l'affut,
deux hélicos ennemis font monter la pression,
que le joueur gère sans frémir à l'aide d'un drône aérien. Volant au
secours de l'escouade, un hélico américain nous emmène pour finir dans
un parcours
scripté au milieu des immeubles en flammes, tandis
que le présentateur de la démo tente d'exploser le reste de la force
aérienne adverse.
Script et grand spectacle à tous les étages
Avec ses allures de grand huit, le final de cette mission préfigure peut être l'horizon du nouvel épisode : un
spectacle sous contrôle mais complètement immersif,
ou la bande-son toute en explosions et boucles électro tendues
contribue à englober le joueur dans une expérience de spectacle total.
Le deuxième niveau, de nuit, laisse entrevoir
une approche assez différente sur le mode de l'infiltration discrète.
Armé d'un silencieux, le joueur y est appuyé par une équipe d'élite,
soigneusement scriptée pour accompagner l'action dans la grande
tradition des Modern Warfare. Comme toujours
l'enchaînement semble fluide
et créé de jolies scènes de collaboration entre le joueur et l'I.A. On
circule ainsi en toute discrétion dans ce qui ressemble à une zone
industrielle jusqu'à ce que, surprise, notre équipe soit repérée et
qu'un bataillon d'ennemis en surnombre nous encercle de toute part. La
mission s'accélère alors en une gigantesque fuite entre les balles.
En
parallèle à la montée d'adrénaline, la musique rythme les fusillades de
ses séquences éléctro classiques mais efficaces. Après quelques
affrontements dans les ruelles et parkings, le joueur monte dans une
jeep lancée à vive allure qui se précipite dans une bouche de métro.
S'ensuit alors une course-poursuite avec un train lancé à pleine vitesse,
sans doute le moment le plus impressionnant de la présentation. La
survie semble s'y jouer à la dernière seconde, alors que la véhicule
transportant le joueur zigzague entre les voies pour éviter les métros
qui déboulent en sens inverse.
Simultanément, le joueur doit tenter d'éliminer les soldats russes
embarqués dans les rames pour assurer sa survie. La séquence culmine
finalement lorsque le train, au sommet de sa vitesse,
se met à basculer et déraille devant notre voiture en direct.
Bien entendu, l'impressionnante scène d'action qui s'ensuit est
totalement scriptée mais la situation possède un impact spectaculaire
considérable.
Nos impressions à chaud
Ces
séquences ne disent peut être pas tout de Modern Warfare 3 (on
l'espère), mais elles en dessinent au moins le projet. Pour se sortir du
guêpier de l'épisode attendu au tournant,
Infinity Ward s'est vraisemblablement résolu à reprendre rigoureusement les schémas des précédents épisodes en les gonflants juste à bloc.On peut dores et déjà noter
la reprise quasiment à l'identique de l'interface et du principe de progression par objectifs
(se rendre à tel endroit, évacuer tel bâtiment, etc...). Les scènes de
batailles et l'I.A. ne dépayseront a priori personne et les animations
ont un air de déjà vu, mais le spectacle devrait globalement grimper
d'un cran en ampleur et en intensité.
Telle semble être l'ambition d'Infinity Ward sur son nouveau Call of Duty : pas de changement radical du
game-design mais peut être, au moins, une sorte d'aboutissement dans la voix empruntée par le premier épisode, c'est à dire
le grand spectacle visuel d'une guerre moderne sous lourde transfusion de scripts.
Reste à voir si une telle débauche d'action et de rythme suffira à
insuffler un nouveau souffle à la licence qui s'apprête pour la première
fois à batailler pour maintenir son rang.